Claviers ergonomiques

Disclaimer : nous n’avons rien à vendre, pas même des keycaps. Nous n’avons pas de partenariat commercial non plus : les solutions que nous préconisons ici se basent essentiellement sur des claviers compacts libres (qui peuvent donc être proposés par n’importe quel fabricant), voire pas de clavier du tout.

Critères de choix

Impératif : géométrie en colonnes

Les claviers standard (ANSI, ISO…) sont à rangées décalées (row stagger) pour des raisons historiques, liées à la conception des machines à écrire mécaniques (fin du XIXe siècle).

Les claviers ergonomiques utilisent une disposition en colonnes, ce qui facilite l’apprentissage de la dactylographie (chaque colonne de touches est associée à un doigt et un seul), limite les fautes de frappe et respecte le mouvement naturel des doigts.

Un stagger prononcé donnera beaucoup de confort, notamment quand on tape assez à plat ; mais il sera déroutant au début, et nécessitera un temps d’adaptation.

Split ou monobloc ?

Pour certain·e·s, les claviers splittés sont indispensables. C’est notamment le cas si l’on souhaite taper avec les mains dans l’axe des épaules, ou si on a besoin de tenting (inclinaison latérale) pour réduire l’inconfort de pronation.

Pour d’autres, c’est affaire de goûts : les versions splittées permettent une plus grande variété de positions, mais les versions monobloc sont plus simples et plus faciles à prendre en main. Elles peuvent aussi s’utiliser sur les genoux.

Certains claviers monobloc comme l’Atreus ont un angle de 10° à 20° entre les mains, ce qui permet de mieux garder les poignets dans l’axe des avant-bras. D’autres comme le Planck restent droits, ce qui peut s’avérer inconfortable quand le clavier est positionné trop haut (= trop loin des genoux).

Nombre de touches

Les claviers ergonomiques full-size existent depuis les années 1990, et ont toujours des adeptes.

De notre point de vue, les claviers compacts leur sont très supérieurs, à la fois plus efficaces et plus proches des claviers ISO, ce qui minimise la gêne quand on passe du clavier ergonomique au clavier du laptop. Les touches manquantes sont gérées par des layers programmables.

Les claviers compacts facilitent aussi l’apprentissage de dispositions 1DFH comme Ergo‑L : toutes les touches étant très proches de la position de repos des doigts, on ne fait jamais d’extension susceptible de faire perdre cette position de repos.

Plus un clavier est compact, plus il est efficace et moins il est cher, au détriment du temps d’adaptation.

Thumb cluster

Un élément de confort important réside dans le nombre et le placement des touches de pouce — qui seront, idéalement, placées en arc de cercle pour suivre le mouvement naturel.

Pour qu’un clavier soit utilisable facilement, il faut au moins trois touches par pouce qui soient bien accessibles ; quatre c’est mieux, cinq c’est large — voire trop, car il est difficile de gérer autant de touches avec un pouce.

Les claviers avec seulement deux touches par pouce sont parfaits quand les layer-taps et homerow-mods sont maitrisés.

Noter que selon les utilisateurices, la position de repos des pouces peut être soit dans l’axe de la colonne de repos des index, soit décalée d’une colonne vers l’extérieur de la paume. À prendre en compte lors du choix.

Géométrie plane ou 3D ?

C’est affaire de goûts : les géométries 3D (Kinesis, MoErgo, Dactyl, Skeletyl…) ont leurs adeptes. Elles réduisent très significativement l’inconfort lié aux « ciseaux » (= digrammes avec changement inconfortables de rangée) et permettent d’accéder à plus de touches qu’un clavier plat sans causer de déviations ulnaires.

De notre point de vue, le surcoût de ces claviers ne se justifie pas en Ergo‑L. Mais le gain de confort est indéniable une fois la position bien calée — surtout pour les modèles qui intègrent un dispositif de pointage (comme une trackball sous un pouce).

Contacts mécaniques

Les claviers grand public sont tous à membrane, mais la plupart des utilisateurices de claviers ergonomiques ne jurent que par les contacts mécaniques. Et pour cause : on peut choisir exactement le toucher que l’on veut, le confort et de l’agrément d’utilisation sont incomparables. La quasi totalité des claviers ergonomiques utilisent ce type de contacts.

On a deux principaux standards de contacts mécaniques :

Le contact est généralement déclenché (actuation) à mi-course. La force d’actuation est souvent autour de 60 g, mais peut descendre à 35 g voire moins pour les personnes expérimentées qui souhaitent diminuer l’effort de saisie.

On distingue trois types de contacts :

Là encore c’est essentiellement une histoire de goûts. Les tactiles sont très populaires en MX mais se justifient moins sur la course courte des Choc, pour lesquels les contacts linéaires sont courants.

Claviers programmables

La quasi totalité des claviers ergonomiques sont programmables. Cela permet d’adapter le clavier à ses besoins, et pour beaucoup d’Ergonautes c’est indispensable : pas d’ergonomie sans possibilité de personnalisation !

Certains claviers comme le TypeMatrix ne sont pas programmables. Si on dispose de droits d’administration, on peut contourner le problème avec un logiciel comme Kanata.

Contraintes matérielles

Les claviers ergonomiques ont été pensés pour QWERTY ; Ergo‑L a été conçu en tenant compte des contraintes de ces claviers, mais ça n’est pas le cas d’AZERTY et encore moins de Bépo.

Les limitations d’AZERTY

La quasi-totalité des claviers ergonomiques, par recherche de symétrie et pour limiter les extensions de doigts, n’ont que deux colonnes de touches par auriculaire — voire une seule.

Pour AZERTY, le passage à 2 colonnes sous l’auriculaire droit se fait sans trop de problème : il suffit de déplacer trois touches de symboles (* $ =), Entrée, Backspace. Un effort d’adaptation est requis mais tous les mots continuent à être écrits de la même façon.

Les symboles présents sur les touches * $ = doivent être placés sur un layer. AZERTY étant particulièrement malcommode pour les symboles de programmation, on en profitera pour créer un layer dédié en remplacement de la touche AltGr.

Les limitations de Bépo (Béopy, Optimot…)

Pour Bépo et ses variantes c’est plus délicat car il faut déplacer des lettres, ce qui oblige à changer de technique de saisie quand on passe d’un clavier standard à un clavier ergonomique. Pour minimiser la gêne et conserver W sous l’auriculaire droit, il faut passer Shift sous un pouce — ce qui n’est pas un changement anodin non plus.

Les variantes de Bépo ont toutes le même problème, lié à la présence de deux lettres sur la 7e colonne du clavier ISO. Optimot se targue d’être conçu « pour tous les claviers » mais a les mêmes limitations — et détaille même sur son site quelles adaptations effectuer pour chaque type de clavier.

Par ailleurs, on ne pourra pas fusionner les symboles déplacés avec la couche AltGr, dont les meilleurs emplacements sont déjà pris pour des besoins typographiques : Œ, Æ, Ù, , le tréma mort, tous sont sur les touches confortables en main gauche. Il faut donc définir un layer supplémentaire.

L’approche Ergonaute (Ergo‑L, Erglace, Lafayette, Bépolar…)

Ergo‑L a été pensé dès le début pour tous les claviers, ergonomiques ou non. L’approche 1DFH permet de saisir toutes les lettres utilisées en français sans recourir à AltGr, ni à aucune touche qui ne soit pas disponible sur un clavier 3×5.

Pour fonctionner sur un clavier compact (4×6, 3×6, 3×5), Ergo‑L n’a donc besoin que de deux touches de pouce :

Et c’est tout.

Adaptations typiques

AZERTYBépoErgo‑L
full-sizeselon modèleselon modèleaucune adaptation
4×6
  • *, $, =
  • Entrée, Backspace
  • W, Ç, %
  • Entrée, Backspace
  • Shift sous chaque pouce
  • layer-taps
aucune adaptation
3×6non compatible ⁽¹⁾
  • W, Ç, %
  • tiret sur un layer
  • symboles sur un layer à définir
  • Entrée, Backspace
  • Shift sous un pouce
  • layer-taps
aucune adaptation
3×5non compatible ⁽¹⁾non compatible ⁽¹⁾

⁽¹⁾ On considère qu’une disposition est « non compatible » avec une géométrie de clavier quand les lettres courantes du français ne peuvent plus tenir dans le seul layer principal. C’est le cas d’AZERTY dès qu’on n’a plus de rangée de chiffres, et de Bépo (et ses variantes) dès qu’on a moins de 2 colonnes sous l’auriculaire droit.

Conseils d’achat

Vous n’avez pas besoin d’un clavier

Pour apprendre Ergo‑L ou n’importe quelle disposition de clavier, votre clavier actuel suffit. Même s’il est imprimé en AZERTY ! L’ergonomie clavier débute avec l’apprentissage de la dactylographie : si vous ne savez pas taper à 10 doigts sans regarder, aucun clavier ergonomique ne vous sera utile.

Avec des logiciels libres comme Kanata et en utilisant Arsenik comme base, vous pouvez aussi obtenir un gain d’ergonomie très proche du meilleur clavier qui soit tout en restant sur votre clavier de laptop actuel.

Pourquoi acheter un clavier ?

Un clavier ergonomique peut être une aide précieuse pour apprendre à taper à dix doigts : la géométrie en colonnes favorise grandement l’association doigt/touche, et le fait de changer physiquement de clavier aide à casser les mauvaises habitudes qu’on a pu prendre auparavant.

Une fois cet apprentissage fait, les caractéristiques techniques des claviers ergonomiques pourront apporter un vrai gain de confort — voire s’avérer indispensables aux personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques.

Pour débuter : le 4×6

Sofle, 58 touches (4×6+5)

C’est de loin le type de clavier ergonomique le plus vendu. Cette géométrie fonctionne avec tous les layouts francophones :

C’est déjà un clavier compact, il faudra donc passer par un layer de navigation pour accéder aux flèches par exemple. Et ce n’est pas un défaut, bien au contraire : l’ergonomie clavier consiste à faire venir les touches sous les doigts, plutôt que de déplacer ses doigts.

Valeur sûre : le 42 touches

Corne, 42 touches (3×6+3)

Cette géométrie, avec 3×6 touches par main et 3 touches par pouce, correspond au plus grand clavier possible qui respecte l’approche 1DFH : aucune touche n’est à plus d’une position d’écart de la position de repos des doigts et des pouces.

On peut tout à fait débuter en Ergo‑L avec ce type de clavier : à peine moins facile qu’un 4×6 et beaucoup plus facile qu’un 3×5, c’est un clavier dont vous aurez l’usage très longtemps.

Attention, il sera nettement plus difficile d’accès en Bépo (Béopy, Optimot…) et quasi inutilisable en AZERTY.