Ergonomique avant tout !

1DFH, “1u Distance From Home”

Ergo-L intègre l’approche 1DFH, qui consiste à ne pas déplacer ses doigts de plus d’une touche par rapport à la position de repos. Cela permet un gain de confort important pour la saisie en méthode dactylo, évitant notamment les extensions latérales de l’auriculaire droit qui sont typiques de Bépo pour les lettres mzwç.

Ergo‑L sur un clavier compact (type OLKB Planck).

C’est pour suivre cette approche que l’immense majorité des claviers ergonomiques actuels ne proposent que 6 colonnes de touches par main, ce qui est :

Les claviers ergonomiques modernes cherchent à limiter le nombre total de touches, en utilisant différents layers pour amener les touches excentrées sous les doigts plutôt que l’inverse. Nous avons donc décidé de n’utiliser aucune touche en dehors du pavé de 3×10 touches centrales pour les lettres et symboles de programation. Ergo‑L est ainsi compatible avec les claviers les plus compacts (minimum 33 touches) sans ajustement majeur.

Adapté à la bureautique

Les raccourcis claviers usuels CtrlQASZXCV sont devenus indispensables pour une utilisation avec la souris en main droite. Les approches de type Dvorak, très antérieures à la généralisation de la bureautique (Dvorak a été finalisé en 1932), ignorent ces raccourcis clavier en plaçant toutes les voyelles sous la main gauche ; mais les approches modernes comme Colemak et Workman permettent de conserver ces raccourcis tout en obtenant de meilleures métriques que Dvorak.

Ergo‑L suit cette approche Colemak / Workman et comme eux, s’autorise un changement : le C est ainsi déplacé pour favoriser les enchaînements, mais CtrlC reste faisable d’une main à gauche.

Réduction de la fatigue de saisie

Ergo‑L veille à réduire autant que possible :

Ergo‑L privilégie le confort à la vitesse : on peut taper vite avec n’importe quel clavier. Mais il est conçu pour que son confort et son ergonomie ne se dégradent pas au fur et à mesure que la vitesse de saisie augmente.

Plus optimisé que Dvorak et Bépo

Dvorak est la disposition de clavier optimisée la plus connue. Elle fut développée pendant l’entre-deux guerres pour les machines à écrire, qui ont d’importantes contraintes physiques dont les claviers modernes sont exemptés : typiquement, appuyer sur deux touches côte‑à‑côte est un excellent moyen de coincer les marteaux. Cela implique qu’il fallait privilégier les alternances de mains aux roulements, alors que ces derniers sont très confortables sur un clavier d’ordinateur.

Dvorak était un grand pas en avant, mais se base sur une philosophie qui n’est plus pertinente aujourd’hui. Malheureusement, Bépo et ses nombreuses variantes la reprend sans chercher à la mettre à jour.

Dvorak et Bépo ne sont optimisés que pour une seule langue (anglais et français, respectivement), et sont très inconfortables dans l’autre. Pourtant, à une exception près, les 9 lettres les plus fréquentes sont les mêmes en français (esanitruo) et en anglais (etaohnisr) :

Fréquence des lettres les plus utilisées en français et en anglais.
ESANITRUOH
fr14.4 %7.2 %7.1 %6.8 %6.7 %6.7 %6.5 %6.1 %5.3 %1.0 %
en11.7 %6.1 %8.0 %6.6 %6.5 %9.0 %5.3 %2.7 %7.8 %6.7 %

Ergo‑L place donc ces lettres aux emplacements les plus confortables (au sens de Workman) et fait en sorte qu’aucun enchaînement fréquent en français ou en anglais ne soit rédhibitoire. Comme Colemak, on cherche à limiter le plus possible le taux de digrammes de même doigt, en favorisant les roulements au même titre que les alternances de mains.

Malgré le fait qu’il soit optimisé pour les deux langues, français et anglais, Ergo‑L affiche de meilleures métriques d’optimisation, tant sur la charge des doigts que sur le taux de digrammes de même doigt :

Taux de digrammes de même doigts en français et anglais, extrait de la page de comparaison avec Bépo.
AZERTYBépoErgo‑LDvorakQWERTY
fr7.97 %2.55 %1.23 %3.31 %7.16 %
en6.31 %3.01 %1.40 %2.62 %5.76 %

Impeccable en français

Caractères accentués

La gestion des accents, diacritiques et symboles typographiques français nécessite traditionnellement l’usage de touches excentrées (ce qui irait à l’encontre de l’approche 1DFH d’Ergo‑L) ou de AltGr (qui est source d’erreur à haute vitesse car il faut relâcher la touche au bon moment).

Ergo‑L utilise une touche morte de type Lafayette pour tous les caractères accentués, diacritiques et ponctuations spéciales. Actionner cette « touche Typo » donne accès à tous ces symboles dans le pavé de 3×10 touches sans utiliser AltGr. Cela occasionne 2.5 à 4.0 % de frappes supplémentaires pour un texte francophone, ce qui nous semble négligeable comparé au gain de confort obtenu.

La touche morte d’Ergo‑L.

La touche donne parfois accès à une autre touche morte :

Typographie

Soigner la typographie demande souvent un effort (physique et mental) supplémentaire non négligeable. Beaucoup l’ignorent, ou laissent leur éditeur de texte la gérer pour eux. Ergo‑L permet de soigner la typographie sans aucun effort supplémentaire :

Les ponctuations hautes (:;?!) sont en Shift pour faciliter leur enchaînement avec l’insécable fine : on maintient Shift, on presse Espace puis la ponctuation, on relâche Shift.

Optimisation

En français, les huit lettres les plus fréquentes (esanitru) sont toutes réparties sur la position de repos des doigts, et le reste des lettres fréquentes sont réparties sur les autres touches faciles d’accès.

Une grande attention à été portée aux enchaînements de lettres.

Fréquence d’utilisation des touches en français.

Pratiquement aucun enchaînement courant en français ne demande trop d’effort.

Efficace en anglais

Même optimisation qu’en français

Ergo‑L porte la même attention au confort de la saisie de texte en anglais qu’en français, et doit donc faire quelques compromis pour faire cohabiter les deux langues. Certaines lettres sont beaucoup plus fréquentes dans une langue que l’autre, (comme le U et la touche en français et le H en anglais) et les enchaînements courants peuvent être très différents.

Ergo‑L optimise le plus possible la saisie de texte anglais et français sans causer de problèmes rédhibitoires dans une de ces deux langues. Par exemple, l’enchaînement TH (le digramme le plus fréquent en anglais, avec 3.2% d’occurences) est très confortable, mais le H occupe une place dont on peut se dispenser en français. De même, U et sont très fréquents en français, mais peu fréquents en anglais, ce qui a été pris en compte pour leur placement.

Fréquence d’utilisation des touches en anglais.

Ergo‑L a donc une ergonomie comparable en français et en anglais. Bien que de nombreuses dispositions dédiées exclusivement à l’anglais soient plus efficace qu’Ergo‑L dans cette langue, Ergo‑L est la première disposition reéellement optimisée pour le français et l’anglais.

Et les autres langues ?

Ergo‑L est capable de saisir du texte dans presque toutes le langues européennes, mais ne cherche pas à optimiser la saisie de texte dans d’autres langues que le français et l’anglais. Certains caractères sont disponibles en touche , comme ß ou ñ, et il existe de nombreuses touches mortes en ShiftAltGr : par exemple, ^ étant en AltGrJ, ShiftAltGrJ produit un accent circonflexe mort.

Cette approche est suffisante pour la saisie occasionnelle de caractères spéciaux. Pour des usages plus réguliers, plutôt que de chercher à couvrir tous les cas possibles nous avons préféré faire en sorte que la disposition soit simple à personnaliser.

Le dépôt github d’Ergo‑L contient le fichier source de la disposition (un fichier TOML facile à lire et modifier) ainsi que des instructions pour construire votre disposition personnalisée ou évaluer la qualité des enchaînements de votre variante. Remplacer les caractères de la touche morte par ceux dont vous avez besoin devrait être relativement simple, et le résultat sera bien plus efficace que n’importe quelle disposition de clavier cherchant à couvrir toutes les langues !

Un exemple d’adaptation d’Ergo‑L pour l’allemand.

Si vous voulez adapter Ergo‑L à une langue étrangère, nous vous recommandons de concevoir la couche Typo uniquement pour cette langue et d’installer votre adaptation en même temps qu’Ergo‑L en lui donnant un autre nom (comme « ergol-de » pour l’allemand, par exemple). Tous les bureaux modernes proposent un raccourci clavier pour basculer d’une langue à l’autre, et vous pourrez ainsi basculer d’Ergo‑L à votre variante spécifique en un clin d’œil.

Redoutable pour le code

Héritage QWERTY-US

La grande majorité des touches en dehors du pavé de 3×10 sont identiques à celles de QWERTY‑US. Les seules exceptions sont :

Cet héritage implique aussi que les chiffres sont en accès direct (sans Shift), ce qui facilite grandement la saisie de nombres.

QWERTY‑US est réputé pour son efficacité dans la saisie de symboles de programation, mais elle est perfectible : tous les symboles de programmation nécessitent au moins un auriculaire et une extension, car ils sont tous sous un auriculaire, ou en Shift, ou les deux. Ergo‑L a donc à cœur de proposer une meilleure alternative.

Couche symboles

Ergo‑L propose une couche Symboles optionelle accessible par AltGr et optimisée pour le placement et les enchaînements de symboles de programmation.

La couche Symboles d’Ergo‑L.

Cette couche Symboles est plutôt simple à mémoriser, car les symboles sont regroupés par « blocs ». On y retrouve :

Comme pour l’emplacement des lettres de la disposition, une grande attention à été portée au placement des symboles de prog et aux enchaînements courants. Les symboles peu courants (~@#%^`|) sont loin des positions de repos, et la grande majorité des enchaînements de symboles de prog se fait soit avec une alternance de main (~/, );, </>, +=, [''], …) soit avec un roulement (>=, /*, ";, (), \", …).

Comme pour la saisie de texte en français ou anglais, la couche Symboles d’Ergo‑L ne contient pratiquement aucun enchaînement inconfortable.

Compatibilité Vim

Pour une utilisation technique, Vim apporte une ergonomie reconnue et de nombreux éditeurs de code implémentent un mode de navigation Vim. La couche Symboles d’Ergo‑L lui permet de conserver les principales commandes de déplacement :

Cette couche Symboles a été éprouvée dans des contextes techniques variés sans qu’on relève de problème particulier. Elle a été reprise dans d’autres projets, notamment Lafayette et Arsenik.

Licence

WTFPL – Do What The Fuck You Want To Public License. Il existe des licences mieux réputées, mais on en a choisi une dont on comprend tous les mots.